Terminale ∼ Spécialité mathématiques Géométrie dans l'espace (2)
Dans tout ce chapitre, on se place dans un repère (O,i,j,k) orthonormal de l'espace.
Produit scalaire dans l'espaceDéfinition du produit scalaire
Soient u⎝⎛xyz⎠⎞ et v⎝⎛x′y′z′⎠⎞ deux vecteurs.
Le produit scalaire de u et v est le nombre réel noté u⋅v tel que :
u⋅v=xx′+yy′+zz′.
Soit u=⎝⎛13−2⎠⎞ et v=⎝⎛5−11⎠⎞, alors
u⋅v=1×5+3×(−1)+(−2)×1=0.
Soit w=⎝⎛−4−20⎠⎞, alors
u⋅w=1×(−4)+3×(−2)+(−2)×0=−10.
Le produit scalaire apparaît dans de nombreuses situations et permettra de plus de répondre rapidement à certaines questions.
Norme d'un vecteur
Soit u⎝⎛xyz⎠⎞ un vecteur et M un point tel que u=OM.
La norme du vecteur u est le réel positif :
∣∣u∣∣=OM=x2+y2+z2=u⋅u.
Avec les vecteurs u=⎝⎛13−2⎠⎞ et v=⎝⎛5−11⎠⎞ de l'exemple précédent :
∣∣u∣∣=12+32+(−2)2=14,
et
∣∣v∣∣=52+(−1)2+12=27=33.
Soient A et B deux points de l'espace. La distance AB est définie par la norme du vecteur AB.
Étudions la sphère S(A,r) de centre A(xA;yA;zA) et de rayon r>0.
On considère un point M(x;y;z) de S(A,r). On a alors :
M(x;y;z)∈S(A,r)⟺AM=r⟺AM2=r2.
Or, AM a pour coordonnées ⎝⎛x−xAy−yAz−zA⎠⎞, ainsi :
AM2=(x−xA)2+(y−yA)2+(z−zA)2.
En conclusion, M(x;y;z)∈S(A,r) si et seulement si :
(x−xA)2+(y−yA)2+(z−zA)2=r2.
L'équation de S(O,1), sphère de centre O et de rayon 1 est : x2+y2+z2=1.
Orthogonalité
Considérons les deux vecteurs u=⎝⎛xyz⎠⎞ et v=⎝⎛x′y′z′⎠⎞, ainsi que les points A, B et C tels que
u=AB et v=BC.
On a alors que : AC=AB+BC=⎝⎛x+x′y+y′z+z′⎠⎞.
Ainsi, le produit scalaire défini dans ce cours correspond bien à celui rencontré dans le plan, cette dernière remarque amenant à la propriété suivante.
Soient u et v deux vecteurs de l'espace. u et v sont
orthogonauxsi et seulement siu⋅v=0.
Avec les vecteurs u=⎝⎛13−2⎠⎞, v=⎝⎛5−11⎠⎞ et w=⎝⎛−4−20⎠⎞ des exemples précédents nous avons donc :
➤ u et v sont orthogonaux car u⋅v=0.
➤ u et wne sont pas orthogonauxcar u⋅w≠0.
Soient A(1;2;3), B(2;2;5) et C(−1;5;4).
Montrer que ABC est rectangle en A.
Déterminer les coordonnées d'un vecteur n≠0 orthogonal à AB et AC.
AB⋅AC=⎝⎛2−12−25−3⎠⎞⋅⎝⎛−1−15−24−3⎠⎞=⎝⎛102⎠⎞⋅⎝⎛−231⎠⎞=−2+2=0.
Les vecteurs AB et AC sont donc orthogonaux et le triangle ABC est bien rectangle en A.
Remarquons tout d'abord qu'il existe une infinité de vecteurs othogonaux à AB et AC.
En effet, dès que nous en aurons trouvé un, alors tout vecteur colinéaire à celui-ci sera également orthogonal à AB et AC.
On cherche donc n⎝⎛xyz⎠⎞,x, y et z∈R tel que :
On cherche donc n⎝⎛xyz⎠⎞, x, y et z∈R tel que :
{n⋅AB=0n⋅AC=0.
On a alors : {x+2z−2x+3y+z==00.
À partir de la première égalité, on peut choisir x=6etz=−3.
La deuxième égalité nous donne alors : 3y=12+3=15,doncy=5.
Ainsi le vecteur n⎝⎛65−3⎠⎞ convient.
Soient deux vecteurs de base d'un plan ou trois vecteurs de base de l'espace. Si ces vecteurs sont orthogonaux la base est dite orthogonale et si de plus
les vecteurs sont de norme 1 la base est dite orthonormée.
Un repère orthonormée est la donnée d'un point et d'une base orthonormée.
Propriétés algébriques
Pour tous vecteurs u, v : u⋅v=v⋅u.
Pour tous vecteurs u, u′ et v : (u+u′)⋅v=u⋅v+u′⋅v.
Pour tous vecteurs u, v et tout k∈R : (ku)⋅v=k×u⋅v.
Pour tout vecteur u : 0⋅u=u⋅0=0.
Preuve
Il suffit d'écrire explicitement les calculs en utilisant la définition du produit scalaire donnée avec les coordonnées des vecteurs.
Le point 1. décrit le caractère symétrique du produit scalaire.
Les points 2. et 3. décrivent le caractère linéaire par rapport à la variable de gauche du produit scalaire. Or, du
fait de la symétrie, le produit scalaire est aussi linéaire par rapport à sa variable de droite. Ainsi, le produit scalaire est linéaire par
rapport à ses deux variables, on dit donc qu'il s'agit d'une application bilinéaire.
Pour tout vecteur u⎝⎛xyz⎠⎞ : ∥u∥2=u⋅u=x2+y2+z2.
Pour tout vecteur u et tout k∈R : ∥ku∥=∣k∣∥u∥.
Pour tous vecteurs u, v : ∥u+v∥2=∥u∥2+2u.v+∥v∥2.
Pour tous vecteurs u, v : u⋅v=21(∥u+v∥2−∥u∥2−∥v∥2).
Pour tous vecteurs u, v : u⋅v=21(∥u∥2+∥v∥2−∥u−v∥2).
Pour tous vecteurs u, v : u⋅v=41(∥u+v∥2−∥u−v∥2).
Preuve
Pour le point 1 nous utilisons la définition du produit scalaire et pour les points 2 et 3 la propriété précédente.
∥u∥2=u⋅u=⎝⎛xyz⎠⎞⋅⎝⎛xyz⎠⎞=x2+y2+z2.
∥ku∥2=(ku)⋅(ku)=k(u)(ku)=k2u⋅u=k2∥u∥2.
Ainsi : ∥ku∥=∥ku∥2=k2∥u∥2=k2∥u∥=∣k∣∥u∥.
On obtient l'égalité à partir de la précédente en changeant de membres certains termes, ou alors en remplaçant ∥u+v∥2 par ∥u∥2+2u⋅v+∥v∥2.
On remplace ∥u−v∥2 par ∥u∥2−2u⋅v+∥v∥2.
On effectue les mêmes remplacements que dans les deux calculs précédents.
Autre expression du produit scalaire
Deux vecteurs (plus un point) définissent un plan (si u et v ne sont pas colinéaires), ou une droite (si u et v sont colinéaires). Donc pour calculer le produit scalaire u.v on peut se placer dans un plan contenant u et v. On se retrouve alors à faire de la géométrie plane.
On considère trois points distincts, A, B et C de l'espace. On note H
le projeté orthogonal de C sur (AB).
AB⋅AC=
AB⋅(AH+HC)
=
AB⋅AH+AB⋅HC
=
AB⋅AH+0
car AB et HC sont orthogonaux.
=
AB⋅(ABAH×AB)
les vecteurs AB et AH étant colinéaires
=
ABAH×AB⋅AB
=
ABAH×AB2
=
AH×AB
=
AC×cos(AB,AC)×AB
d'après les formules de trigonométrie
=
AB×AC×cos(AB,AC).
Soient A, B et C trois points de l'espace.
AB⋅AC=AB×AC×cos(AB,AC).
Toujours avec les points A(1;2;3), B(2;2;5) et C(−1;5;4), déterminer en degré la mesure de ABC.
On calcule les coordonnées des vecteurs BA⎝⎛−10−2⎠⎞ et BC⎝⎛−33−1⎠⎞. On a alors :
BA⋅BC
=
BA×BC×cos(BA,BC)
⟺
cos(BA,BC)
=
BA×BCBA⋅BC
⟺
cos(BA,BC)
=
1+0+4×9+9+11×3+0×3+2×1
⟺
cos(BA,BC)
=
5195.
Ainsi,
cos(BA,BC)≈0,513 et en utilisant la fonction cos−1 ou arccos de la calculatrice, réglée en degrés, on obtient
ABC≈59,14∘.
Plans et orthogonalitéVecteur normal à un plan de l'espace
Soit n un vecteur non nul et P un plan de l'espace. On dit que
n est normal à P si et seulement si toute droite de vecteur directeur
n est perpendiculaire à P.
Soit A un point d'un plan P et n un vecteur normal à
P. Alors le plan P est l'ensemble des points M de l'espace tels que
AM⋅n=0.
Soit P un plan de vecteur normaln et A un point de l'espace.
Supposons A̸∈P et posons D=<A,n>,
la droite engendrée par A et le vecteur n. (Cela signifie que D est la droite passant par A et dirigée par le vecteur n).
Alors le projeté orthogonal de A sur P est :
H=D∩P.nDAH
Si A∈P, alors le projeté de A dans P est lui-même.
On considère un plan P de l'espace ainsi qu'un point A. On note H le projeté orthogonal de A sur P.
Pour tout point M∈P, AH≤AM. Ainsi, le projeté orthogonal est le point de Ple plus de proche de A.
Preuve. Pour tout point M∈P :
AM2
=
AM⋅AM
=
(AH+HM)⋅(AH+HM)
=
AH2+AH⋅HM+HM⋅AH+HM2
=
AH2+HM2.
En effet AH⋅HM=0car ces deux vecteurs sont orthogonauxpar définition de H. Ainsi, puisqueHM2≥0,on a AM2≥AH2et comme la fonction racine carrée est croissantesur [0;+∞[,on a bien AM≥AH.
Une droite d est orthogonale à toute droite d'un plan P si, et seulement si, elle est orthogonale à deuxdroitessécantesd1 et d2 de ce plan.Preuve
Un sens de l'équivalence est évident :
Si d est orthogonale à toute droite du plan P alors elle est orthogonale à d1 et d2 droites du plan P.
Réciproquement, si u, v1 et v2 sont des vecteurs directeurs, respectivement des droites d, d1, d2, alors :
u⋅v1=0etu⋅v2=0 puisque d est orthogonale à d1 et à d2.
Soit Δ une droite du plan P et w un vecteur directeur de Δ.
Les droites d1 et d2 étant sécantes, les vecteurs v1 et v2ne sont pas colinéaires et forment donc une base de P. Il existe alors deux réels x et y tels que w=xv1+yv2.
On a ainsi : u⋅w=u⋅(xv1+yv2)=xu⋅v1+yu⋅v2=0.
On en déduit que les vecteurs u et w sont orthogonaux et que la droite d est orthogonale à la droite Δ.
Soit P un plan dirigé par deux vecteurs non colinéaires u et v. Soit n un vecteur de l'espace.
Si n est orthogonal à u et v alors n est normal à P.
Pour les points des exercices précédents A(1;2;3), B(2;2;5) et C(−1;5;4), nous avions trouver que le vecteur n⎝⎛65−3⎠⎞ était orthogonal à
AB et AC. Puisque AB et AC ne sont pas colinéaires, le vecteur n⎝⎛65−3⎠⎞ est normal à P.
Équation cartésienne d'un plan de l'espace
Dans un repère orthonormé, un plan P de vecteur normal n⎝⎛abc⎠⎞ a une équation cartésienne de la forme :
ax+by+cz+d=0
où d∈R fixé.
Réciproquement, si a, b, c ne sont pas tous les trois nuls, l'ensemble (E) des points M(x;y;z) tels que
ax+by+cz+d=0 est un plan de vecteur normal
n⎝⎛abc⎠⎞.
Preuve
Soit A(x0;y0;z0) un point du plan P et M(x;y;z) un point de l'espace.
On a : AM(x−x0;y−y0;z−z0) et AM⋅n=a(x−x0)+b(y−y0)+c(z−z0) .
Ainsi : M∈P équivaut à AM⋅n=0, soit à :
a(x−x0)+b(y−y0)+c(z−z0)=0 c'est-à-dire : ax+by+cz−ax0−by0−cz0=0
soit en posant d=−ax0−by0−cz0, à : ax+by+cz+d=0.
Réciproquement, puisque a,b et c ne sont pas tous nuls, on peut supposer par exemple que a est différent de 0.
On peut vérifier que le point A(−ad;0;0) appartient à l'ensemble (E) et l'équation ax+by+cz+d=0 équivaut à a(x−ad)+by+cz=0, c'est-à-dire à AM⋅n=0oùn(a;b;c).
(E) est donc le plan passant par A et de vecteur normal n(a;b;c).
Avec les points A(1;2;3), B(2;2;5) et C(−1;5;4), déterminer une équation cartésienne du plan (ABC).
Nous avions que vu que n⎝⎛65−3⎠⎞ est un vecteur normal à (ABC). Ainsi il existe un réel d tel qu'une équation cartésienne du plan soit :
6x+5y−3z+d=0.
Il reste à déterminer la valeur de d. Pour cela nous allons utiliser les coordonnées d'un point du plan (ABC), par exemple A. 6xA+5yA−3zA+d=0⟺6+10−9+d=0⟺d=−7.
Le plan (ABC) possède donc pour équation cartésienne :
6x+5y−3z−7=0.
Plan médiateur d'un segment
Soient A et B deux points distincts de l'espace et soit M le milieu du
segment [AB]. Le plan médiateur de [AB] est le plan perpendiculaire à
(AB) passant par M.
Cette définition rappelle la définition, en géométrie plane, de la médiatriced'un segment.AMB
Déterminer une équation du plan médiateur de [AB] avec A(0;1;1) et B(4;1;5).
Nous savons que le vecteur AB⎝⎛404⎠⎞ est normal au plan médiateur de [AB], ainsi une équation cartésienne du plan médiateur est de la forme :
4x+4z+d=0,
avec d∈R à déterminer.
Le milieu de [AB] de coordonnées (2;1;3) appartient à ce plan, ses coordonnées vérifient l'équation du plan, et nous obtenons alors :
4×2+4×3+d=0⟺d=−20.
Nous trouvons donc que le plan médiateur de [AB] a pour équation cartésienne :
4x+4z−20=0, que l'on réduit à :
x+z−5=0.
Soient A et B deux points distincts de l'espace. Le plan médiateur de [AB] est l'ensemble des points M de l'espace tels que AM=BM.
Position relative de deux plans
Observons quelques figures.
P1n1P2n2Les vecteurs normaux sont colinéaires et les plans sont parallèlesP1n1P2n2Les vecteurs normaux ne sont pas colinéaires et les plans ne sont pas parallèlesP1n1P2n2Les vecteurs normaux sont orthogonaux et les plans sont perpendiculaires
Soient P1 et P2 deux plans ayant pour vecteurs normaux respectifs
n1 et n2. Alors :
P1//P2⟺n1 et n2sont colinéaires.
La contraposée de cette proposition peut être utilisée pour démontrer que deux plans ne sont pas parallèles.
Soient P1, P2 et P3 trois plans d'équations respectives :
15x+6y+3z=0,
21x+7y−z=−4,
−5x−2y−z=21.
Déterminer les positions relatives de P1, P2 et P3.
Soient n1⎝⎛1563⎠⎞,n2⎝⎛217−1⎠⎞ et n3⎝⎛−5−2−1⎠⎞ des vecteurs normaux des plans respectifs P1, P2 et P3 obtenus à l'aide des coefficients des équations cartésiennes.
Nous remarquons que n1=−3n3, ainsi n1 et n3 sont colinéaires et les plans P1 et P3 sont parallèles.
Par ailleurs zn1=−3zn2 mais xn1≠−3xn2. Les vecteurs n1 et n2 ne sont donc pas colinéaires, et les plans P1 et P2ne sont pas parallèles.
Puisque P1 et P3 sont parallèles, et que P1 et P2 ne sont pas parallèles, alors P2 et P3ne sont non plus pasparallèles.
Soient P1 et P2 deux plans de vecteurs normaux respectifs n1 et n2.
les plans P1 et P2 sont perpendiculaires si et seulement si les vecteurs n1 et n2 sont orthogonaux.
Avec les mêmes notations qu'à l'exercice précédent, les plans P1 et P2 sont-ils perpendiculaires ?
Les plans P1 et P2 ont pour vecteurs normaux respectifs n1⎝⎛1563⎠⎞ et n2⎝⎛217−1⎠⎞.
Calculons leur produit scalaire : n1⋅n2=15×21+6×7−3×1=354.
On peut alors affirmer que les plans P1 et P2ne sont pas perpendiculaires.